interview Laura Heslop : Design d’intérieur holistique & écoresponsable

Laura, pourriez-vous nous parler de votre parcours personnel et professionnel et comment il vous a mené à développer cette approche unique alliant neuro-architecture, feng shui, et psychologie de l'espace?

J’ai un BTS en commerce international, et avec le recul, j'ai choisi cette voie par sécurité, pas par passion. J’ai ensuite passé dix ans en entreprise, avec un changement de poste en cours de route. Ce furent des années enrichissantes, dans un métier que je trouvais vraiment intéressant.
Mais au fil du temps, j’ai eu le sentiment d’en avoir fait le tour. Je ne voyais plus d’évolution possible, ni d’espace pour nourrir ma curiosité naturelle.

J’ai besoin d’apprendre de nouvelles choses, de me former, c’est un moteur chez moi. Or, mes demandes de formation étaient systématiquement refusées.
En parallèle, je ressentais un épuisement latent qui s'est transformé en réelle sensation de vide, puis en perte complète de sens au travail.

Je me suis donc inscrite à une formation en décoration d’intérieur, à titre personnel, pour le plaisir. J’ai tout de suite vu le potentiel d’un nouveau projet professionnel : pouvoir toucher à tout, explorer plusieurs facettes, satisfaire ma curiosité et pouvoir faire correspondre mes valeurs personnelles et professionnelles.

À la naissance de ma fille, mes valeurs écologiques ont pris encore plus de place. J’ai donc complété mon parcours avec une formation en décoration écoresponsable.
Mais rapidement, j’ai senti que parler uniquement de matériaux écologiques et sains et de couleurs, pour le bien-être, ne suffisait pas. Il manquait une dimension plus profonde.

C’est ce qui m’a menée vers le feng shui, puis vers la neuro-architecture (les neurosciences appliquées à nos intérieurs) et la symbolique de la décoration.

Aujourd’hui, tout s’est aligné : je mets ma créativité, ma sensibilité et mon envie de d'accompagner au service d'autrui, comme je le faisais déjà dans mon ancienne vie pro déjà — mais avec une approche beaucoup plus vivante et personnelle, en parfaite cohérence avec mes valeurs.

Comment définissez-vous précisément la psychologie de l'espace et quels en sont les bénéfices tangibles que vos clients peuvent espérer lorsqu'ils appliquent vos méthodes chez eux?

Notre intérieur, notre maison, est un miroir de qui nous sommes au plus profond de nous, même si nous n'en sommes pas conscients.
J'ai tendance à dire que notre intérieur (notre logement) reflète notre intérieur : ce qu'on vit au quotidien, notre histoire, nos souvenirs, nos traumas, nos rêves, ce en quoi on croit, etc.
Tous les choix que l'on fait pour notre maison, des couleurs, au mobilier, aux objets décos, sont influencés par l’énergie dans laquelle nous étions au moment de ce choix.
Et en retour, l’espace nous renvoie cette même énergie, jour après jour, inconsciemment.

Alors la question importante à se poser serait : Est-ce que cette énergie me soutient aujourd’hui ? Est-ce que cette couleur, ce meuble, cet objet répond encore à mes besoins, à mes envies, à mes objectifs de vie ?

Je vois de réelles transformations en parfois très peu de temps chez mes clients.

Pourriez-vous partager un exemple précis où votre approche a radicalement transformé l'environnement domestique de l'un de vos clients? Quels ont été les résultats psychologiques observés?

J'ai vu des changements très différents en fonction des objectifs de mes clients, tant sur le plan personnel que professionnel.

Eloïse a trouvé l'amour après avoir décoré sa chambre (et ça fait 3 ans que cela dure !) ; Souad - assistante maternelle à domicile, à pu apaiser les enfants qu'elle garde en ré-aménageant son salon ; Thomas et Camille ont retrouvé un sommeil plus réparateur dans leur chambre...

Mais l’exemple le plus marquant reste celui de David, indépendant, papa en garde alternée, qui travaille depuis chez lui. Il m’a contactée avec deux objectifs clairs : améliorer son chiffre d’affaires et sa vie amoureuse.

Nous avons travaillé sur l’ensemble de son logement en plusieurs étapes, pour lui laisser le temps d’intégrer chaque changement, sans brusquer son quotidien.

Avant même la fin de l’accompagnement, les effets se faisaient sentir : il a atteint son chiffre d’affaires mensuel… en une semaine.

Et lors de notre appel de suivi, un mois après ma dernière visite, il m’a confié qu’une femme était revenue dans sa vie. Ils sont aujourd’hui en couple, vivent ensemble chez lui, et envisagent même de chercher un nouveau cocon pour construire leur avenir.

Comment intégrez-vous des concepts aussi différents que la neuro-architecture et le feng shui dans votre processus de design d'intérieur pour créer un espace équilibré et harmonieux?

En réalité, la neuro-architecture et le feng shui ne s’opposent pas, mais se complètent.

De nombreux principes que l’on retrouve dans le feng shui sont aujourd’hui validés par les recherches en neurosciences.
La neuro-architecture s’appuie sur le fonctionnement du cerveau pour penser l’espace : comment la lumière, les formes, les couleurs ou la circulation impactent nos émotions, notre concentration ou notre niveau de stress. Elle met des mots scientifiques sur des ressentis que le feng shui explore depuis des siècles de façon plus intuitive et énergétique.

Le feng shui, quant à lui, vise à créer une harmonie globale, en partant du principe que notre environnement influence notre état intérieur — et inversement.
Il propose une lecture fine des lieux pour soutenir le bien-être, l’élan de vie et les projets des habitants.

Dans ma pratique, ces deux approches s’enrichissent mutuellement.

L’une apporte structure et explication scientifique ; l’autre renforce la partie émotionnelle et énergétique de ce qui se joue dans l’espace. Ensemble, elles permettent de concevoir des lieux qui nourrissent la personne, de manière profonde.

Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées en introduisant la psychologie de l'espace dans votre pratique du design d'intérieur, et comment les avez-vous surmontées?

L’une des plus grandes difficultés que j'ai rencontré a été d’expliquer que l’espace a un impact profond sur notre vie intérieure, sans que cela paraisse abstrait ou perché.

La psychologie de l’espace est encore peu connue : on l’associe parfois à de la décoration « intuitive », alors qu’elle repose sur une observation fine des besoins humains, des mécanismes cognitifs mais aussi de l’histoire de chaque personne.

Ce que j’ai constaté au début, c’est que certaines personnes pensaient qu’il suffisait d’avoir un bel intérieur pour aller bien.
Mais en réalité, un espace peut être esthétiquement réussi… tout en étant énergétiquement bloqué, anxiogène ou peu soutenant au quotidien.

Ma difficulté a donc été de faire comprendre cette différence entre un lieu “joli” et un lieu “transformateur”.

Pour surmonter cela, j’ai choisi d'éduquer le plus possible : expliquer, parler des transformations que mes clients ont vécu, semer des graines...

Aujourd’hui, les personnes que j’accompagne viennent à moi précisément pour cette approche, parce qu’elles sentent qu’au-delà de l'esthétique, c’est leur équilibre intérieur qui peut changer à travers leur espace.

Comment évaluez-vous l'impact des innovations technologiques, comme la réalité augmentée ou la domotique, sur votre approche de la psychologie de l'espace et du design d'intérieur?

Je ne crois pas que l’IA ni aucune technologie puisse un jour remplacer pleinement la dimension sensible, intuitive et profondément humaine de mon travail.
Cependant, certaines innovations, comme la réalité augmentée ou la domotique, peuvent enrichir le quotidien des habitants, à condition qu’elles soient mises au service du lien entre la personne et son habitat.

La réalité augmentée, par exemple, peut aider à mieux se projeter dans un futur aménagement, à apaiser certaines appréhensions, à tester des ambiances… Mais elle ne remplacera jamais l’émotion ressentie en entrant dans une pièce réellement pensée pour notre bien-être.
La technologie peut donner des repères, mais c’est toujours le corps, les ressentis, les besoins inconscients qui dictent les vrais ajustements.

Quant à la domotique, elle peut faciliter le quotidien (lumière qui s’adapte à l’heure de la journée, température idéale, ambiances réglables selon l’activité). Mais si elle n’est pas pensée avec sens, elle peut aussi l'alourdir ou déshumaniser l’espace.

En psychologie de l’espace, ce qui compte, c’est le sens que l’on donne à ce que l’on vit dans un lieu, et les émotions associées.
Et ça, aucune IA ne peut le ressentir à notre place.

Quel conseil donneriez-vous aux familles souhaitant améliorer leur bien-être psychologique à travers des ajustements dans leur espace de vie, même avec un budget limité?

Avant tout changement ou nouvel achat, je conseille toujours de ne pas se précipiter, au contraire : faire un pas de coté, faire une pause, et porter un regard différent sur son intérieur.
De nombreux ajustements sont possibles, même avec un petit budget. Et c'est d'autant plus important pour les familles, où chaque membre a besoin de se sentir à sa place.

Voici quelques conseils simples pour commencer :

Désencombrer : libérer de l’espace, ce n’est pas juste faire du tri. C’est aussi faire de la place à de nouvelles émotions, à du calme, à plus de fluidité dans le quotidien.

Créer des zones bien définies : un coin lecture, une zone de jeu, un espace calme pour les parents… Cela aide à structurer les temps de la journée, à mieux cohabiter et à apaiser les éventuelles tensions.

Faire rentrer la lumière naturelle : ouvrir les rideaux, ajouter un miroir pour la refléter… la lumière naturelle est un outil puissant pour l’énergie et le moral.

Ajouter de la vie : quelques textiles, des photos de souvenirs heureux, une plante, un objet symbolique qui vous rappelle un joli moment, une couleur choisie avec soin… Ces éléments résonnent profondément en vous, bien au-delà de l’esthétique.

Enfin, écoutez ce que votre espace vous raconte. Faites une photo de votre pièce pour vous aider à prendre un peu de recul, et observez ce qui vous gêne, ce qui vous fatigue, ce que vous repoussez inconsciemment.

Votre maison reflète qui vous êtes, et vous pouvez transformer votre vie en y apportant quelques changements.

Pour en savoir plus : https://colaurama.fr/

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